NARBONNE

De bon matin, comme d’habitude, départ de 50 adhérents pour la plus ancienne colonie romaine en Gaule : Colonia Narbo Martius , aujourd’hui Narbonne. Elle était située sur la (voie domitienne), la première route romaine en Gaule, qui permettait de relier l’Italie et l’Espagne.                                                                                                Fondée par les Romains en -118 avant JC, cette ville vit passer romains (-118 avant JC à 463), wisigoths (463 à 719, sarrasins (719à 759)…Elle est donc riche d’histoire mais le thème de notre visite en ce 5 novembre est centré sur la partie médiévale de Narbonne .

A l’Office du Tourisme nous formons deux groupes. Ces quelques lignes relatent la visite menée par Christophe CABRIER ( info. à l’attention de ceux qui ont exprimé le souhait de faire appel à nouveau à lui …)                                                                                                                              Notre guide nous présente le Pont des Marchands reliant le bourg à la cité et qui permettait, à l’origine, le franchissement de l’Aude par la Via Domitia. Ce pont bâti, rare en Europe, était constitué de 7 arches (difficile à imaginer aujourd’hui !). Depuis que l’Aude a quitté son ancien cours et que son lit accueille le canal de la Robine (pléonasme, nous rappelle notre guide, car robine veut dire canal !), classé par l’UNESCO au patrimoine mondial de l’humanité, une seule arche suffit au passage de l’eau, les autres servant de caves aux maisons bâties des deux côtés du pont. C’est un des très rares ponts habités de France. Quelques péniches amarrées au quai, coquettement décorées, apportent une note bien sympathique. 

Direction ensuite Place de l’Hôtel de Ville (ou Place aux Herbes ou Place du « caulet » – chou en Occitan ! ). Au centre de la place, un espace creux dans le pavé découvre un tronçon de la Via Domitia dans son état de la fin du IVe siècle. Ce vestige daterait de 120 av. J.-C., soit deux ans avant la fondation de la Colonia Narbo Martius. A Narbonne, la Via Domitia rencontrait la Via Aquitania, ouverte en direction de l’Atlantique par Toulouse et Bordeaux, attestant du rôle de carrefour tenu par la ville. Le vestige découvert le 7 février 1997 lors du réaménagement de la place, présente une portion de voie dallée de calcaire dur, marquée par de profondes ornières. Elle est bordée de trottoirs et on aperçoit la base d’une fontaine…

Sur la Place de l’hôtel de Ville, le Palais des archevêques de Narbonne. Il est le second ensemble archiépiscopal après le Palais des Papes d’Avignon. Il est composé du Palais Vieux d’origine romane et du Palais Neuf de style gothique… Les deux parties de ce palais sont séparées par une charmante petite ruelle pavée, le passage de l’Ancre. La façade du Palais Neuf comporte trois tours carrées datant des XIIIe et XIVe siècles. La partie centrale de la façade a été restaurée par Viollet-le-Duc (il a beaucoup travaillé cet homme !). 

Le palais accueille depuis le XIXe siècle la mairie de Narbonne, le musée d’art et d’histoire et le musée archéologique. En face du palais, un magnifique bâtiment de type haussmannien, témoignage de l’âge d’or viticole, porte sur sa façade …..« Les Dames de France » ! Il date de 1907. Les coupoles encadrant la façade ont été copiées sur celles réalisées pour le Printemps à Paris (1885).

Nous quittons la place pour emprunter le passage de l’Ancre et atteindre la Cour de la Madeleine dont la configuration permet d’y organiser des spectacles. Nous avons une belle vue sur la cathédrale . Notre guide attire notre attention sur ce qui pourrait être le vestige d’une porte de Mosquée du VIIIème siècle, époque à laquelle Narbonne dépendait de Cordoue .

Puis, petite visite rapide de la Cour d’Honneur du Palais Neuf qui donne accès aux deux principaux musées de la ville : le musée Archéologique et le musée d’Art et d’Histoire. Ce dernier est situé dans les anciens appartements de l’archevêque. Le musée Archéologique, qui occupe une grande partie du Palais Vieux, rassemble une collection de vestiges gallo-romains de la ville. Il possède notamment une importante collection de peintures romaines dont notre guide nous vante la beauté (une autre visite à envisager ?). Le Musée archéologique sera transféré dans le futur Musée régional de la Narbonne antique qui devrait être ouvert au public début 2019.

Nous prenons la direction du Cloître de la Cathédrale Saint-Just-et-Saint-Pasteur.

Ce Cloître est en cours de restauration (il date du 14ème siècle) et fait actuellement l’objet de fouilles préventives . De superbes gargouilles (plus ou moins menaçantes !), accrochées aux contreforts des galeries, semblent veiller sur la quiétude du cloître . Nous entrons dans la Cathédrale par une porte latérale …mais la vue est stoppée par un mur ! Aucune vision d’ensemble de l’intérieur ! En fait la cathédrale n’a pas de nef. Seul le chœur a été construit. La première pierre de la Cathédrale, spécialement envoyée de Rome par le pape Clément IV, ancien archevêque de la cité, fut posée le 12 avril 1272…. La construction du chœur s’acheva en 1332 mais pour continuer, il aurait fallu démolir en partie le rempart qui pouvait encore se révéler utile dans ces temps troublés, ce à quoi s’opposèrent les Consuls de la Cité. La cathédrale ne fut jamais terminée. Compte tenu de ses dimensions, on imagine aisément ce qu’elle aurait pu être. En effet la cathédrale est la quatrième plus haute de France, après celles de Beauvais (48 m) d’Amiens (45 m)et de Metz (41 m). Elle possède le plus haut chœur gothique du sud de la France avec une hauteur de voûtes à 40 mètres.                                                                                           

Des orgues impressionnantes par leurs dimensions (25 m de haut, 12 m de large, 8 m de profondeur) s’offrent à nos yeux …. En fait ces orgues sont les plus grandes de France !  

Des vitraux du 14ème siècle, placés très haut, éclairent faiblement la cathédrale qui, au moyen âge, était complètement peinte . Quelques pans de murs en témoignent. Dans le Chœur, 131 stalles, datant du 18ème siècle, permirent à certains d’entre nous de se reposer pendant les explications de notre guide qui rappela la particularité de ces sièges: ils sont pliants et comportent une petite console fixée à la partie inférieure du siège, appelée « miséricorde ». Elle permettait au clerc ou au moine qui participe à l’office de prendre appui sur elle lorsqu’il se tient debout et que son siège est relevé.   Nous nous dirigeons vers la Salle du Trésor située à l’étage. On y accède par un escalier en colimaçon.

La salle du Trésor servit au Chapitre pour ses réunions et pour conserver les archives. Le plafond est une coupole en briques ellipsoïdale, à l’origine d’un curieux phénomène acoustique  : si l’on parle à voix basse dans un angle, tourné vers le mur, on est entendu parfaitement du côté diamétralement opposé, sans que personne dans la salle ne vous entende … !!

Le Trésor contient un grand nombre d’objets précieux: Évangéliaires, ivoires, verreries, ostensoirs, calices, tapisseries; le regard est attiré par l’une d’elles, absolument remarquable, qui représente la Création du monde. Tissée de fils de soies et d’or, elle mesure 7,90 m de long sur 4,25 m de haut. La Manufacture Nationale des Gobelins l’attribue à un atelier bruxellois du XVème siècle. Parmi les manuscrits enluminés, un bréviaire renfermant les Saints Évangiles passe pour avoir appartenu à Charlemagne.

Notre guide attire notre attention sur une superbe petite boîte en ivoire avec fermoir d’argent, gravée de caractères arabes. Appelée pyxide, elle daterait du XIème siècle. Initialement destinée à contenir des parfums et des onguents, elle fut ensuite utilisée à la conservation des hosties .

Nous redescendons dans la cathédrale pour admirer le grand Retable de la Chapelle Notre Dame de Bethléem. C’est en 1981 que la dépose de la statue de Notre Dame de Bethléem a permis de redécouvrir, dissimulé derrière un décor du XIXème siècle, le Grand Retable du XIVème siècle. Ce décor entièrement polychrome occupe trois pans de la chapelle et s’étend sur 26 m². Ce Retable est exceptionnel par son ampleur, la délicatesse des figures, les polychromies que l’on devine. Y sont représentés de façon saisissante l’Enfer, le Purgatoire, les Limbes, le Léviathan et des scènes de la vie du Christ .

Après cette immersion dans le passé médiéval, nous nous dirigeons vers notre lieu de rendez vous avec l’autre groupe, le restaurant l’Estagnol .

Notre guide nous conseille fortement d’aller admirer les Halles type Baltard à proximité du restaurant . Ce que nous faisons… et certains d’entre nous s’immiscient dans le 2ème groupe que le guide, archéologue de formation et passionné, entraîne dans l’église Notre-Dame de Lamourguier, qui abrite le musée lapidaire : impressionnantes allées constituées de blocs sculptés antiques, retirés des remparts de Narbonne où ils avaient été réemployés. Le musée lapidaire de Narbonne est le second après celui de Rome. Ce musée sera également transféré dans le futur Musée régional de la Narbonne antique.

Après un très agréable repas, nous allons flâner sous un soleil ardent (mais oui, le 5 novembre !) dans le marché qui s’étend le long des quais de la Robine …quelques emplettes pour certains et nous prenons la route pour remonter le temps : nous voilà à l’époque gallo-romaine.

Près du village de Loupian, en bordure du bassin de Thau, entre Montpellier et Béziers, le long de la Via Domitia, nous découvrons une villa gallo-romaine riche de six siècles d’histoire.

Ce musée de site est un des très rares exemples français de conservation et de présentation in situ. Il est l’aboutissement de plus de trente années d’études et de travaux qui ont permis de sauvegarder et de présenter au public l’important patrimoine que représentent les mosaïques, vestiges de la villa gallo-romaine…

L’histoire et le fonctionnement du domaine agricole sont présentés dans deux salles où sont exposés des objets archéologiques et des maquettes. Le site est parfaitement représentatif de ces grandes villae (domaines agricoles) qui couvraient les campagnes de l’empire romain. Les fouilles du site archéologique occupent 3 hectares. La moitié reste encore à fouiller.                                                                                                 La principale activité agricole était la viticulture, pour laquelle a été construit un chai capable de contenir 1500 hectolitres de vin stocké dans de grosses jarres (dolia), retrouvées sur place.

À cette période a été aussi construit un petit port au nord du bassin de Thau, destiné à l’exportation du vin. On a également retrouvé un atelier de potiers pour la fabrication d’amphores destinées au transport de ce vin. Ces amphores sont estampillées « M A F », initiales du propriétaire.

Une petite séance cinéma complète nos connaissances en matière d’amphores …

La visite se poursuit sous un bâtiment qui protège les restes de la villa et des mosaïques polychromes de toute beauté qui décoraient la résidence au Ve siècle de notre ère. Le bâtiment couvre une surface de  1000 m2. Sa conception permet de sauvegarder les couches archéologiques existantes et de présenter les mosaïques . A l’intérieur le public circule sur un réseau de passerelles au niveau du sol puis sur une galerie haute qui permet une vue d’ensemble de la résidence. Magnifique spectacle qui laisse pantois devant la créativité et le savoir faire tout en délicatesse des mosaïstes de l’époque !                                                                                               13 mosaïques s’offrent à nos yeux, les motifs sont divers : quelques représentations humaines, des végétaux mais surtout, les plus remarquables, les motifs géométriques ! Nous avons même un « trompe l’œil », façon Vasarely !

Les mosaïques avaient été sévèrement endommagées lors de l’abandon du site et de la mise en culture des terres. Pour les sauvegarder définitivement, il a fallu les déposer, les transférer sur un support sain puis combler les parties manquantes, soit par reconstitution de la trame du décor par des tesselles blanches, grises et noires, soit par le dessin des lignes de force avec des tesselles noires, posées sur un béton clair. Elles ont été ensuite remises à leur emplacement d’origine. Cette restauration permet une bonne lecture de l’ensemble sans risque de confusion avec le pavement original.

En théorie, une équipe de quatre mosaïstes met un an pour couvrir une surface de 500m2. À Loupian, deux équipes travaillant simultanément ont pu recouvrir les 450 m2 entre six mois à huit mois environ. Les travaux de restauration ont été réalisés par une entreprise spécialisée implantée à Loupian, …mais qui, malheureusement, a fermé !

Voilà , le voyage dans le temps est terminé ! Nous repartons vers le monde moderne …et ses embouteillages (retour tardif pour certains !!!), les yeux encore émerveillés par ce patrimoine que nous ont laissé nos prédécesseurs !

Avē Cæsar !!                                                                                                        Elisabeth Bonnafé

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